Quelque part dans la cité...

Je n'en pouvais plus. Je m'arrêtais et laissais le vieux s'asseoir sur le banc avant de faire de même. J'étais épuisé, trempé de sueur et par dessus tout, je mourrais de faim. Malgré les soins apportés à ma plaie, je ressentais toujours autant la douleur. Penchant la tête vers l'arrière et grimaçant, je pris le temps de reprendre mon souffle. Ça ne faisait pourtant pas si longtemps que cela que nous nous étions enfuis et pourtant, je n'avais déjà plus la force de faire ne serais ce qu'un seul pas. Mon ventre émit des gargouillements sonores, accompagné de celui du vieux.

Et p'tit... Tu voudrais pas piquer le bourse de ce type? Dire qu'on s'achète de quoi manger un peu...

Je relevais la tête, haussant un sourcil. Le type en question semblait plutôt riche de par ses tenues et visiblement, il n'hésitait pas à l'afficher en laissant une énorme bourse pendre à son côté gauche. Je soupirais. Vrai que je commençais à avoir très faim et puis, si je ne mangeais pas quelque chose, je ne pourrais pas bouger et par conséquent, je risquais de me rattraper par les gardes si ils s'étaient éventuellement rendue compte de notre absences. Discrètement, je fis un petit geste de la main, incitant la bourse de l'homme à venir jusqu'à moi. Personne ne se rendit compte de quoi que se soit, du moins était ce que je croyais. Alors que j'ouvrais la bourse pour voir le nombre de pièces qu'elle contenait, je vis un gamin s'approcher de nous. Il affichait un large sourire.

M'sieur... Pourriez me donner quelques pièces?

Je haussais un sourcil et, posant mon poing sur ma cuisse valide, je me penchais vers lui.

J'ai vraiment une tronche à céder de l'argent à n'importe qui?!

Disons qu'en échange, j'dirais rien au type auquel vous avez volé cet argent...

J'eus un mouvement de recul. Je n'avais donc pas été aussi discret que je l'avais désiré. Poussant un soupir, je commençais à fouiller dans la bourse.

Et combien tu veux?

La moitié, ça s'ra suffisant m'sieur!

Je tressaillais et écarquillais les yeux. La moitié? Mais si je lui en donnais la moitié, il ne me resterait plus grand chose. Mais je n'avais pas le choix après tout. Grommelant, je donnais à l'enfant ce qu'il était venu chercher avant de me retourner vers le vieux qui n'avait rien dis.

J'crois qu'on va pas pouvoir manger grand chose...

Je le vis sourire. Qu'est ce qu'il avait encore? Je le laissais récupérer le restant de la bourse et, le voyant se lever, je fronçais les sourcils.

J'croyais que tu tenais plus debout le vieux!

J'ai dis que j'avais du mal à tenir sur mes jambes, pas que j'étais infirme... Bon, j'reviens!

Le voyant rire et s'éloigner, je grommelais de nouveau. Il s'était bien foutu de moi le papi! Poussant un soupir, je baissais les yeux sur le bandage que j'avais autour de la cuisse. Encore une blessure...

Produits ménager et balai à portée de main, Imarine récurait du mieux possible l’endroit qui n’avait pas connu la propreté depuis trop longtemps. Au moins, elle avait finit de nettoyer les armoires et enlever la poussière sur la plupart des meubles. Maintenant à quatre pattes, elle astiquait le plancher, enlevant les tâches de saletés qui s’étaient incrustées dans le bois. Au bout d’un moment, elle s’assit sur les talons, prenant une pause de tout cela. Ainsi positionnée, elle prenait le temps d'observer et surtout d'écouter. Pandore était gentiment assis au pied de la vieille dame qui avait pris place sur sa chaise berçante. La dame lui racontait des histoires qui savaient fasciner la petite fille, qui la regardait les yeux brillant. Comme elle aimait voir sa fille ainsi, si heureuse et passionnée. Sa fille parvenait à se changer les idées, ce qui était une bonne chose. Il fallait dire qu'elle ignorait jusqu'à quel point son père était en danger à cet instant. Mieux valait ne pas y penser.

Recommençant son travail, elle frottait, ne voulant surtout pas penser à ce qui pourrait arriver à Foa. Elle se répétait simplement qu'il savait prendre soin de lui, qu'il pourrait sans doute s'échapper, mais elle savait aussi qu'il était blessé et que cela ne pouvait que lui être désavantageux.

Ma chérie, cesser moi cela. L’endroit n’a jamais été aussi propre, vous pouvez bien vous offrir un repos.

Je préfère m’occuper l’esprit...

Pourquoi ne partez-vous pas à sa recherche?

Imarine se redressa, regardant la vieille dame dans les yeux en se demandant si elle était sincère et comprit vite que c'était le cas. Imarine prit un moment pour remettre à leur place les produits ménagers et venir se positionner devant la dame.

Je ne voudrais jamais vous mettre en danger...

Voyons ma petite, j'ai bien des années dernières moi et plus d'un tour dans mon sac. Ne t'en fais pas, il ne nous arrivera rien. Je ne suis qu'une vieille dame, mais je sais encore protéger une enfant quand il le faut.

Imarine regarda Pandore, allait-elle laisser sa fille à cette femme qu'elle connaissait à peine? Quelque chose lui disait qu'elle pouvait avoir confiance, que dans cet endroit, elle était en sécurité. Sa petite fille semblait soudainement incertaine, comprenant que sa mère allait peut-être la laisser. Imarine s'accouprit face à sa fille, caressant doucement sa chevelure soyeuse.

Ma chérie, je dois aller chercher papa, d'accord? Tu restes avec la gentille dame, je vais revenir très vite.

Sa petite démone se nicha dans ses bras et se fut de peine et de misère qu'elle finit par la lâcher. Elle réalisait que c'était la première fois qu'elle laissait sa fille. Cela était un coup difficile qui lui brisait le coeur, mais elle devait le faire pour retrouver Foa. Si elle ne le trouvait pas avant la noirceur, elle reviendrait. Imarine prit le temps de rassurer sa fille et surtout de remercier la dame. Suite à des au revoir déchirants, Imarine se décida à quitter sa ville, sortant de la petite maison pour rabattre le capuchon sur sa tête. Avec un dernier regard en arrière, elle se dépêcha de s'éloigner, s'assurant qu'il n'y avait personne. Elle se promit de faire vite, partant à la recherche de l'homme qu'elle aimait et qu'elle n'avait pu se résoudre à laisser à son propre sort.

Assis en plein milieu de nul part, je me laissais aller dans le fond du banc, la tête penché en arrière. Je profitais de ce moment de répit pour laisser dériver mes pensées. Bien évidemment, la seule idée que j'avais en tête était de retrouver ma démone et ma fille. Je soupirais. Pour l'instant, je devais reprendre des forces. Lorsqu'enfin le vieillard revint, j'étais toujours au même endroit, dans la même position. Je le vis venir vers moi, un paquet à la main et la bourse vide dans l'autre. Sans que nous nous parlions, il ouvrit le sachet et m'offrit un petit pain rond encore chaud ainsi que trois fines tranches de viande séchée. Ce n'était pas bien lourd pour un repas, mais c'était toujours mieux que rien. Après avoir mangé, nous restions assis sur le banc pendant encore un petit moment. En silence, nous regardions les gens passer sans qu'aucun ne remarque notre particularité. Il était temps de se remettre en route! C'était ce que je m'apprêtais à dire, quand le vieux anticipa. Je le vis se lever et s'éloigner de quelques pas avant de se retourner vers moi.

Bon, p'tit! J'vais te laisser, j'doute pas qu'tu puisse te démerder tout seul... Et puis, si on reste ensemble, y a plus de risque encore qu'on s'fasse attraper d'nouveau!

Je le regardais, silencieux. Au fond, je le savais, il n'avait pas tort. Mais en même temps, je me disais que si il restait seul alors jamais il ne ferait le poids face aux soldats d'Elsweyr. Je ne pu empêcher un rictus de déformer mes traits. Finalement, je haussais simplement les épaules.

D'accord... A plus le vieux.

Je le laissais s'en aller, l'observant jusqu'à ce qu'il quitte mon champs de vision. Je soupirais alors et me remettais debout, difficilement certes, mais j'étais debout malgré tout. Il fallait que je parte à la recherche d'Imarine et de Pandore. Je me mettais alors en route, passant par plusieurs rues avant que de nouveau je ne doive m'arrêter. Ma vision était trouble, j'avais des vertiges et par dessus tout, ma cuisse me faisait affreusement mal. Je me laissais aller contre un mur. J'étais trempé de sueur et mon front, me semblait-il, était brûlant. Assis sur le sol, je grimaçais alors qu'une douleur plus vive venait d’apparaître. Je baissais les yeux sur ma cuisse, et y vit le bandage qui prenait une teinte écarlate. Un sourire un peu amer étira mes lèvres. Mes paupières se fermaient toutes seules. Je me sentais sombrer dans l'inconscient. Avant que cela n'arrive,ma dernière pensée fut pour ma fille et ma femme que, peut être, je ne verrais jamais plus.

Ce fut avec appréhension qu'Imarine sortit de la ruelle où elle avait trouver la maison de la vieille dame. Son capuchon cachant bien son visage, elle passait comme une ombre. La cité était gigantesque, elle ne pourrait jamais retrouver Foa simplement en arpentant les rues par hasard. S'arrêtant un instant, elle ferma les yeux et tenta de repérer Foa. Cependant, il y avait trop de présence et d'énergies différentes pour qu'elle parvienne à repérer uniquement celle de Foa. Cela voulait dire qu'il était encore trop loin d'elle. Imarine craignait de ne pas le retrouver. Surement l'avait-il garder dans les tours à l'entrée de la ville? Cela semblait logique, il lui faudrait d'abord regarder de ce côté là.

Alors qu'elle tournait le coin d'une maison pour arriver dans une nouvelle rue, son coeur s'arrêta. Des gardes parlaient, semblant montrer un papier à des passants. Imarine se dépêcha de se cacher, écoutant ce qu'elle disait. Elle comprit vite que les hommes la recherchaient, mais pas seulement elle. Il était aussi question de deux hommes qui avaient supposer réussi à s'échapper. Aucun doute, c'était Foa. Avec son pouvoir, surement était-il parvenu à s'échapper. Cela soulagea quelque peu Imarine, sans pour autant la rassurer complètement. Foa semblait en mauvais état quand elle l'avait quitté. Dans quel état devait-il encore se trouver. Alors qu'elle les écouta, un des gardes dû la voir, car il se tourna vers elle.

Madame!

Imarine se crispa. Pas maintenant, ce n'était pas le moment. Imarine décida de faire l’innocente, mieux valait encore jouer la carte de la prudence, s'enfuir en courant sonnerait l'alarme. Prenant soin de jouer une légère comédie, boitant doucement avant de faire demi-tour. Elle était crispée de tout son corps, espérant de tout coeur que les hommes ne se décideraient pas à la suivre. Lorsqu'elle fut hors de leur vision, elle jeta un regard en arrière. Personne. Elle eut un soupir de soulagement avant de se mettre à courir. Mieux valait ne pas tarder. Alors qu'elle s'élançait, elle ne fit pas attention à ce qui se trouvait devant elle et elle heurta quelqu'un. Imarine tomba au sol, tout comme la personne qu'elle venait d'heurter. Inquiète, elle se redressa rapidement, regardant l'homme, espérant ne pas l'avoir blesser.

Pardon, je...

Alors qu'elle lui parlait, elle regarda l'homme à travers son capuchon. C'est en le voyant qu'elle sentit quelque chose. Cet homme était passé près de Foa, elle pouvait sentir son essence. Les battements du coeur d'Imarine accélérèrent.

Avez-vous... Avez-vous vu un homme, grand, les cheveux mi-châtains? Il... Il s'appelle Foa... Je crois qu'il est blessé.

La démone craignait que l'homme ne s'enfuit, mais il semblait un vieil homme, elle pourrait surement facilement le rattraper, mais elle préférait ne pas avoir à le faire.

Les yeux clos, j'étais brûlant de fièvre. Alors même que j'étais inconscient, je sentais encore ma jambe douloureuse. Néanmoins, je n'entendis ni ne vis la foule qui commençait à s'amasser autour de moi. Il faut dire qu'après tout, j'étais en plein milieu d'une rue plus ou moins fréquenté et que même si je cherchais à me montrer discret, un homme à moitié mort le dos calé contre le mur d'une maison et pissant le sang, ça ne passait pas tout à fait inaperçue. Et alors que j'étais là, à ne me rendre compte de rien, un peu plus loin, le vieux heurtait Imarine.

Se relevant difficilement, il épousseta ses vêtements tout en regardant ma démone. Lui jetant un regard interrogatif, il l'observa longuement, la jaugeant même.

P'être bien... Qu'est ce qu'vous lui voulez? Pas de mal, j'espère, c'est un brave petiot savez!

Ignorant même les réponses de ma déesse, il la détailla un long moment, cherchant à savoir qui elle était et surtout ce qu'elle me voulait. Alors que son regard glissait sur elle, il vit apparaître dans son dos un groupe de soldats. Se cachant aussitôt dans l'ombre d'une ruelle tandis que ces derniers passaient, il attendit sagement pour pouvoir de nouveau reporter son attention sur elle. Le vieux s'apprêtait à lui donner la direction de l'endroit où il m'avait vu pour la dernière fois lorsqu'un inconnu les interrompit, criant à ses amis non loin de là qu'un homme avait été retrouvé ensanglanté devant la maison d'un certain Glynn. Se retournant vers Imarine, le vieux lui fit un petit signe de tête ainsi qu'un sourire.

Savez où il est maintenant le p'tit. Devriez y aller avant que la garde ne le trouve...

La démone était à bout de nerfs. Il la détaillait, mais ne semblait pas certain de vouloir répondre. Elle avait eu beau lui répondre que c'était son mari, il avait prit un instant, assez pour qu'ils furent interrompu. La réponse tardait et Imarine savait que le temps filait. Il lui fallait le retrouver le plus vite possible. Alors que l'homme semblait enfin enclin à parler, elle entendit quelqu'un crié qu'un homme avait été retrouvé... ensanglanté. Elle ne prit même pas la peine d'écouter ce que lui répondit le vieillard et se mit à courir. Alors que l'homme qui avait hurler se retrouvait seul, elle l'aborda... de manière plutôt violente. Le saisissant à la gorge, elle le plaqua sur le mur. À peine lui eut-elle demandé où était la maison de ce fameux Glynn qu'elle eut sa réponse. Ne voulant pas le tuer, elle ne manqua cependant pas l'occasion de l’assommer, plaquant sa tête sur le mur derrière lui.

Imarine courait comme jamais elle n'avait courut. Pas question qu'elle laisse Foa se faire attraper à nouveau. Lorsque enfin elle repéra la maison dont il avait été question, elle tourna à droite, arrivant juste devant Foa. Le voyant dans un piètre état, elle s'agenouilla devant lui, posant une main sur sa joue. Dans quel terrible état était-il?

Foa... Foa c'est moi... Nous devons partir d'ici.

Imarine passa l'un de ses bras autour de son cou, voulant le soulever, mais elle n'en eut pas la chance. Elle entendit des gardes hurlés et comprit qu'on venait de les repérer. Cette fois, sa fille n'était pas là... Il ne fallut que quelques secondes pour que les yeux de la démone change de couleur et que ses crocs et ses griffes poussent. Se tournant vers eux, elle créa parmi la foule un mouvement de recul. Bien sur, elle savait qu'elle n'était pas la seule démone de cet cité, mais habituellement, les gens de son espèce tachait d'être discret. À cet instant, Imarine n'avait pas envie d'être discrète, elle était en colère et ils auraient bientôt l'occasion de voir l'ampleur de cette colère. Ses mains s'enflammèrent et elle brula vif les premiers qui tentèrent de venir l'attaquer de la pointe de leur épée. Le sang coulait, elle griffait, mordait, déchirait, mais malgré tout elle n'osait s'abandonner à la bataille comme avant, désormais elle était mère. S'approchant de Foa, elle fit reculer les gardes avec son feu, tournant la tête vers son aimé, ignorant dans quel été il était et si même il l'entendait.

Foa... Il faudrait nous faire léviter jusque sur les toits.

À cet endroit, les gardes armés d'épée ne pourrait plus les atteindre et elle saura se débarrasser des flèches si des archers venaient s'ajouter au combat. Et surtout, ils pourraient se rendre plus facilement jusqu'à l'endroit où se trouvait Pandore ou du moins un endroit sécuritaire où elle pourrait offrir des soins à Foa.

J'avais beau être inconscient, je sentais toujours la douleur qui émanait de ma cuisse. Je grimaçais, haletait presque tant la douleur était forte, mais je tenais bon. Néanmoins, je ne vis ni n'entendis la foule se former autour de moi. Tout ce que je sentais, c'était ma plaie qui me tiraillait horriblement et de façon continue. Jusqu'à ce que... Je sentis une présence familière. Elle était proche de moi, si proche que si je n'avais pas sombrer dans l'inconscient, je pourrais tendre la main et lui effleurer la joue. Elle était d'ailleurs si proche maintenant que j'entendais sa voix chuchoter aux creux de mon oreille. Je grommelais. Nous faire léviter jusque sur les toits? Plus facile à dire qu'à faire! Faisant fi de ce que je ressentais, j'entrouvris alors les yeux. Mais les garder ouvert s'avéra plus difficile que ce que je ne pensais. De la sueur me coulait dans les yeux, aussi, j'avais du mal à voir ce qui se passait. Je reconnu malgré tout le visage d'Imarine et, voyant que nous étions entourés de gardes, je poussais un grognement. Prenant appuie sur le mur derrière moi, je me relevais tant bien que mal.

Attrapant le poignet de ma démone, je la tirais vers moi pour pouvoir m'appuyer un peu sur elle. Malgré la douleur, j'affichais un sourire espiègle que j'adressais tout particulièrement aux soldats qui se trouvaient devant nous. Utilisant le peu de forces qu'il me restait, je nous fis léviter jusqu'à ce que nous atteignons les toits. Une fois fait, je glissais un bras autour du cou de ma déesse, grimaçant.

Pandore.. Elle va bien..?

Imarine crut au miracle quand elle comprit que Foa l'avait entendu et le sentit se redresser, venant prendre appui sur elle. Du mieux qu'elle put, elle le soutint, tout en effrayant de ses crocs les soldats qui osaient s'approcher. Son soulagement fut grand lorsque Foa parvint à les hisser sur les toits. À cet instant, elle eut envie de l'embrasser, de lui dire à quel point il venait d'être formidable, mais ce n'était pas encore le moment. Sa main sur sa taille, Imarine aida Foa à se tenir debout du mieux qu'elle le put. Sous sa forme humaine, elle était plus forte, mais cela n'empêchait qu'elle ne pouvait pas aller aussi vite qu'elle l'aurait souhaiter.

Pandore est en sécurité, ne t'inquiètes pas. Le plus important c'est maintenant de réussir à nous mettre en sécurité nous aussi.

Avançant sur les toits, elle resserrait son étreinte contre lui pour l'aider à avancer. Elle pouvait entendre les gardes hurler et courir, tentant de les encercler. À la vitesse où ils allaient, peut-être allaient-ils y parvenir, surtout si l'idée leur prenait de grimper sur les toits à leur teur. La démone commençait à être à court d'idée, ignorant comment ils allaient s'en sortir cette fois avec Foa dans cet état. Il lui fallait utiliser ces pouvoirs, c'était surement l'une de ses seules chances. Imarine s'arrêta, sachant que Foa ne pourrait plus continuer longtemps. Tendant ses mains, elle murmura quelques mots. Au bout de quelque seconde, un grand brouillard noir parcourut les rues, empêchant les gardes de voir devant eux. Ce sort serait de courte durée, alors mieux valait se dépêcher. De nouveau, elle agrippa Foa à la taille et parcourut encore quelques toits avant de tourner la tête vers lui,

Fais-moi confiance et accroche-toi à moi.

Imarine s'accrocha à Foa et doucement, ils se laissèrent glisser jusqu'en bas, tombant dans le vide pour finalement aboutir dans un amas de foin ayant été laissé là pour éventuellement nourrir quelques bêtes. Imarine se serra contre Foa, essayant de calmer sa respiration, et s'étant assuré que le foin les cachait bien. La fumée noire disparut et les gardes recommencèrent leur recherche, passant plusieurs fois près d'eux sans jamais les voir.

Je me sentais vidé, épuisé et sans force. Je laissais un rire étranglé m'échapper. Comment avais-je pu en arriver là? Voila maintenant que c'était Imarine qui me protégeait et non plus l'inverse. Je grimaçais et fronçait les sourcils en entendant des voix résonner non loin de là. Je ne les connaissais pas mais j'avais parfaitement compris qu'il s'agissait de la garde de la citée. Ils nous courraient encore après. J'avançais tant bien que mal m'appuyant sur ma démone, mais je me disais que si cela continuait alors je ne tiendrais plus très longtemps. Nous nous arrêtâmes alors et levant les yeux, j'entendis ma déesse murmurer quelque chose. Je n'avais pas idée de ce qu'elle venait de faire, mais visiblement, ça marchait plutôt bien.

Je me laissais transporter sans rechigner mais malgré tout la douleur était là. Au moment même ou Imarine stoppa, je m'apprêtais à lui dire de me lâcher et de me laisser là puisqu'après tout, mieux valait-il qu'un seul d'entre nous soit capturé comme ça, notre fille aurait toujours l'un de ses deux parents... Mais alors que j'entrouvris les lèvres, elle m'interrompit et me demanda de lu faire confiance. Comme si ce n'était pas déjà le cas.

Sans rien dire ni réagir, je sentais pourtant que l'on tombait dans le vide. A peine quelques secondes s'écoulèrent et nous nous retrouvions alors dans un mont de foin. Je grimaçais. Imarine serrée contre moi, je soupirais et profitais de ce moment de répit pour fermer les yeux. Je n'en pouvais plus, j'avais le souffle court et j'étais brûlant de fièvre. Certes, les soldats ne nous avez pas encore attrapés mais si nous restions ici, cela ne serait qu'une question de temps. D'une voix rendue rauque, je murmurais:

Faut qu'on se tire..

La démone regardait son compagnon, voyant bien toute sa souffrance et la simple difficulté qu'il avait à rester actif. Imarine posa une main sur son front, sa fièvre ne cessait d'augmenter et cela l'inquiétait. Plus le temps passait, plus il menaçait de retomber dans l'inconscience et si cela arrivait, elle aurait bien de la difficulté à le faire parvenir jusqu'à la maison de la vieille qui n'était plus bien loin.

Par l'ouïe, elle suivait les mouvements des soldats, ceux-ci passant encore en grand nombre. Heureusement, ceux-ci cessèrent de passer près d'eux et Imarine profita de l'occasion pour tourner la tête vers Foa et lui murmurer à son tour.

On se tire, tiens bon nous sommes presque arrivés.

De nouveau, elle servit d'appuyer à Foa pour le faire descendre de cet amas de foin. Sans attendre, ils avancèrent le plus rapidement qu'ils le pouvait, Imarine s'assurant surtout que Foa parvenait à tenir le coup. Enfin, elle reconnut la ruelle menant à la maison. Un garde passant par là les aperçus, mais il n'eut pas le temps de sonner l'alarme qu'Imarine le brulait vif, n'en laissant que des cendres. Quel soulagement ce fut quand enfin elle parvint à la porte, y cognant doucement. Après plusieurs tentatives, il n'y avait toujours eu aucune réponse. Imarine commençait à paniquer quand soudain la porte s'ouvrit, laissant passer la petite tête de la vieille dame qui leur sourit, faisant signe de rentrer rapidement. Sans attendre, Imarine entraina Foa à l'intérieur. Voyant l'état de l'homme, la vieille dame se dirigea vers le salon, préparant le divan pour que l'homme puisse s'y allonger. Lorsque Foa y fut installé, Imarine regarda autour, inquiète.

Où est Pandore?

La vieille dame sourit, ouvrant la grande malle qui se trouvait près d'elle. Pandore en sortit avec un grand sourire qui s'estompa vite quand elle vit son père. Courant sur ses petites jambes, elle vint se jeter sur lui, la mine effrayée.

Pandore, doucement... On doit s'occuper de papa

Imarine regarda doucement sa fille, puis son compagnon. Si elle n'avait pas eu tant d'orgueil, elle aurait surement pleurer à les voir ainsi. La vieille dame ne posait pas de question, mais elle regardait avec attention la blessure à la jambe. Imarine elle s'empressa déjà d'aller chercher ce qu'il fallait pour soigner Foa.

J'avais les yeux clos et je tentais tant bien que mal de reprendre mon souffle. J'avais glissé une main dans le dos de ma démone, la tenant un peu plus serrée contre moi sans même m'en rendre compte. Mes doigts s'étaient resserrés sur son haut tandis qu'une grimace déformait mes traits. J'ouvris un oeil, offrant un sourire assuré à Imarine, assurance que je n'avais pourtant pas. Mes jambes finiraient par flancher tôt ou tard et la douleur qui émanait de ma plaie me disait que ce moment ne tarderait pas. Je me relevais malgré tout et, rassemblant le peu de force qu'il me restait, je suivais ma déesse tout en m'appuyant sur elle. A un instant j'eus crus que nous étions arrivés étant donné qu'Imarine venait de s'arrêter mais lorsque je relevais les yeux, je compris que ce n'était pas le cas. Un des gardes venait de nous repérer et visiblement, il l'avait payé de sa vie.

Tandis que ma démone toquait à la porte, je fronçais les sourcils. Je venais de me rendre compte que ma vue était horriblement floue, trouble et que même avec toute la volonté du monde, il n'y avait aucun moyen pour moi de me concentrer plus de quelques secondes sur un objet. Je n'arrivais plus à distinguer les détails de quoi que se soit et j'avais même du mal à voir la poignée de la porte devant laquelle nous nous trouvions. La porte s'ouvrit et sans attendre, je suivais Imarine à l'intérieur de la maison. Je me laissais tomber dans le sofa, poussant un lourd soupir, et grimaçais en fermant les paupières. J'étais enfin allongé et m'en sentais soulagé. Je me sentais véritablement à bout de force. J'ouvris à nouveau les yeux quand Pandore se jetait près du canapé. Venant poser une main sur sa petite tête, je lui souriais malgré la douleur qui me tenaillait.

Je voyais les larmes couler sur son visage, le long de ses joues roses. Je me rendais compte qu'elle aussi avait du être inquiète et que pour une petite fille de son âge, tout cela avait du la troubler.

T'en fais pas... Ton père va s'en sortir... J'ai presque pas mal tu sais!

Je grimaçais et étouffais un gémissement. Je la regardais à nouveau, un fin sourire toujours accroché aux lèvres.

T'as été sage au moins?

Pandore était effrayée, aucun doute, ses yeux parlaient pour elle. Y allant doucement comme sa mère lui avait dit, la petite fille grimpa sur le divan, venant entouré ses bras autour du cou de son père. Heureuse que son père lui dise qu'elle n'avait presque pas mal, elle posa un gros baiser sur sa joue. Tout comme sa mère, elle fit preuve d'orgueil pour ne pas pleurer, mais ses petits yeux devinrent humides. Reculant sa tête, elle fit signe que oui, lui adressant un petit sourire comme pour appuyer ses dires.

Oui, très sage.

Imarine et la vieille dame revinrent avec le nécessaire pour prendre soin de Foa. La démone eut un tressaillement en voyant sa fille serrer ainsi Foa.

Ma puce, fais attention à papa.

Viens ici Pandore.

Ce fut un soulagement que la vieille dame vienne lui offrir de l'aide. La petite Pandore offrit un autre baiser sur la joue de son père avant de descendre pour aller retrouver la vieille dame qui lui proposa des biscuits et un verre de lait, question de l'occuper et aussi pour lui faire plaisir. Alors qu'elles partaient vers la salle à manger, Imarine la gratifia d'un sourire avant de s'approcher de Foa. S'agenouillant près de lui, elle vint poser une main sur son front, inquiète de sa fièvre. Sa main glissa dans ses cheveux et alors qu'elle plongeait son regard dans le sien, elle eut du mal à cacher son envie de pleurer. Ses lèvres trouvèrent les siennes en un long baiser auquel elle eut du mal à mettre fin.

Tu es en sécurité, je vais m'occuper de toi.

Dans les minutes qui suivirent, Imarine prit soin de faire baisser sa fièvre, passant un linge humide sur son front, puis s'occupant ensuite de la blessure. Cette dernière semblait s'être infecté, ce qui inquiétait Imarine, rapidement, elle désinfecta la blessure avec de l'alcool, la nettoya. Alors que ses mains tremblaient légèrement, elle réalisait à quel point elle avait changé. Désormais elle était plus femme et mère que démone, se trouvant bien sentimental. La démone fit un sourire désolé à Foa, posant un bout de bois entre ses dents pour qu'il puisse mordre dedans.

Je vais cicatriser ta blessure... ça va faire mal.

À peine avait-elle dit cela qu'elle fit augmenter la chaleur de sa main et l'appuya sur sa blessure. Elle entendit un petit bruit de grésillement retirant rapidement sa main. Ainsi, la cicatrisation aurait déjà commencé et il ne risquait plus d'infection. La démone avait préféré ne pas trop réfléchir, sinon elle aurait hésité, mieux valait qu'elle l'ait fait rapidement.

Je souriais. J'étais heureux de pouvoir revoir Pandore et grâce à notre proximité, je la voyais assez nettement. Je grimaçais néanmoins en sentant ses bras venir se nouer autour de mon cou. Ce geste était tendre certes, mais j'étais épuisé et mon corps tut entier était endoloris. Je ressentais les effets de l'infection partout dans mes membres. Un fin sourire étira mes lèvres cependant alors qu'elle déposer un baiser sur ma joue. A ses mots, je venais lui caresser le crâne de ma main.

C'est bien, je te félicite...

Au retour d'Imarine, je tournais la tête vers elle et m'apprêtais à lui dire que ce n'était pas grave, que j'étais heureux qu'elle soit là, lorsque la vieille dame intervint et demanda à notre fille de la rejoindre. Je souriais alors et la regardait partir vers ce qui devait être la cuisine. Reportant mon attention sur ma démone, je la suivis du regard jusqu'à ce qu'elle s'agenouille devant le divan. Je soupirais en sentant sa main glisser dans mes cheveux puis souriais en croisant son regard. Malgré la fatigue, je répondis à son baiser, mais avec moins d'ardeur que d'habitude. A ses mots, j'acquiesçais et fermais les yeux. J'avais besoin d'un peu de repos. Je ne les rouvrit que lorsque ma déesse prit la parole de nouveau. Souriant à mon tour, je refermais la bouche sur le bout de bois. A peine la main d'Imarine s'était-elle posé sur ma cuisse que je sentis une nouvelle douleur s'insinuer en moi. Étouffant un cri de douleur, je recrachais le morceau de bois aussitôt et lâchais un juron. Enfin, pas qu'un. J'avais tout juste sentis les doigts de ma démone se poser sur ma peau, mais la douleur avait réussit à me faire redresser. Me laissant retomber dans le sofa en poussant un soupir de soulagement, je grimaçais puis me retournais ma déesse tout en riant de façon légèrement étranglé.

J'espère que Pandore n'a rien entendu... J'voudrais pas qu'à son âge elle connaisse déjà tout ces... vilains mots...

Évidemment, elle s'était attendu à une réaction du genre. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est la série de juron qu'il avait lancé. Bien sur, cela été arrivé quelque fois qu'ils échappent tous deux un ou deux jurons, mais à ce point. Sa réaction fut de rire, le regardant avec compassion. S'assurant de bien panser la blessure, elle s'approcha de lui, caressant doucement son front en lui souriant.

Je suis navré mon chéri, mais il est certain qu'elle a entendu. Ne t'en fais pas, elle oubliera vite.

Elle n'y croyait pas vraiment. Pandore était le genre de petite fille qui savait rapidement acquérir les mauvaises habitudes de ses parents. D'ailleurs, elle avait bien appris de ses parents comment être têtue comme une mule. Imarine savait bien que Foa lui aussi n'était pas dupe et savait que leur fille avait un talent pour retenir ce genre de chose, mais dans cette situation, la vieille dame avait bien du lui changer les idées ou même lui boucher les oreilles. Prenant un verre d'eau, elle aida Foa à en boire pour se réhydrater. Une fois cela fait, elle l'aida à reposer sa tête, caressant doucement son front et ses cheveux.

Je ne peux pas faire plus pour le moment... Tu as besoin de te reposer. As-tu besoin d'autres choses? Veux-tu que j'aille chercher Pandore?

L'inquiétude se laissait sur son visage. C'était plus fort qu'elle, lorsqu'il était question de Foa ou de sa fille, elle perdait tout sang-froid. Depuis qu'ils fondaient une famille, rien pour elle n'était plus important que ses deux trésors. Cette aventure avait de quoi terrorisé Imarine, même si elle tentait de ne pas le laisser paraître. À peine avait-il essayé d'introduire leur fille à une vie normale que cela était devenu un vrai cauchemar.

Souriant d'abord au rire d'Imarine, je soupirais puis grimaçais finalement à ses mots. Il était certain que notre fille, si elle avait entendu ce qui venait de se dérouler, ne l'oublierait pas aussi facilement. Pandore était plutôt du genre à retenir que ce qui ne l’intéressait ou ce qui n'avait pas lieu d'être. Et bien évidemment, elle avait une facilité déconcertante pour retenir jurons et autres. Je me redressais tant bien que mal pour aider ma démone dans sa tâche qui était de me faire boire. Il était vrai que j'avais la gorge plutôt sèche, aussi, les quelques gorgées d'eau que je pu avaler me firent le plus grand bien. Je fermais alors les yeux en sentant les doigts de ma déesse se glisser dans mes cheveux. A ses questions, je poussais un gros soupir.

Fais venir Pandore ici. S'il te plait.

Alors qu'Imarine allait chercher notre fille, je venais appuyer mon bras sur mon front, les yeux rivés sur le plafond. Je repensais au vieillard qui m'avait été à m'enfuir et me demandais si il allait bien. Certes nous avions réussis à pénétrer la ville, mais moi j'avais eu quelqu'un à l'intérieur pour m'aider. Ce qui n'était sûrement pas le cas du vieil homme. Lorsque Pandore et ma démone revinrent, je fis signe à notre fille de venir jusqu'à moi. Je lui murmurais alors à l'oreille et aussitôt, elle grimpa sur le sofa pour venir s'allonger sur moi. Sa petite tête posé sur mon torse, je souriais et venais déposer un léger baiser sur le sommet de son crâne.

Merci ma puce... Papa a besoin d'un peu de réconfort.

Tendant la main vers ma démone, je glissais ses doigts entre les miens. Je ramenais alors sa main vers moi et venais l'effleurer du bout des lèvres. Caressant le dos de Pandore d'une main, je baissais alors les yeux sur elle.

Alors dis moi, qu'est ce que tu as fait aujourd'hui avec la gentille dame?

Comme il le lui avait demandé, Imarine se leva pour aller chercher Pandore. Elle reste un moment avec elle, lui expliquant qu'elle devait être douce avec son père, ne manquant pas aussi de remercier la vieille dame qui s’affairait à la préparation de thé.

De retour avec Pandore, celle-ci ne manqua pas de courir jusqu'à son père, acquiesçant d'un petit signe de tête alors qu'il lui murmurait à l'oreille. Couchée sur lui, elle avait l'oreille appuyée sur son torse. Quand il lui fit part qu'il voulait du réconfort, elle le serra de ses petits bras. Il n'était pas facile pour une petite fille de voir son papa avoir mal. Imarine elle tenait la main de Foa, caressant doucement le dos de sa main avec son pouce. Elle souriait, mais ne disait pas un mot, regardant à son tour sa fille. Pandore prit quant à elle un moment pour réfléchir à ce qu'elle avait fait aujourd'hui, puis leva la tête vers son père pour lui sourire.

On a fait pleins de choses! Elle m'a raconté une histoire, on a mangé des biscuits, on a joué à cache-cache. La gentille dame elle a dit que j'étais la meilleure pour me cacher.

Pandore était souriante, visiblement heureuse et cela réchauffait le coeur de sa mère. Cette petite fille était une telle bénédiction.

J'avais les yeux rivés sur notre fille et par moment, je jetais des coups d'oeils vers ma démone. Pandore avait l'air de se porter comme un charme malgré les évènements de la journée. Tant mieux! Je ne voulais pas que nos habitudes en soient bousculés, même si, à mon avis, la vie ne serait plus la même pour nous à partir d'aujourd'hui. Evidemment, nous avions réussis à échapper à la garde de la citée d'Elsweyr, mais si on y réfléchissait attentivement, il était évident que les soldats ne laisseraient pas tomber comme cela. Pour moi, il était sûr et certain qu'on finirait tôt ou tard par partir à notre recherche et par nous retrouver, surtout si ma petite famille et moi restions sagement ici.

Je soupirais intérieurement, mais souriais à notre fille. Je ne désirais en aucun cas qu'elle comprenne tout cela, du moins pas pour le moment. Je voulais avant tout, compte tenu de son jeune âge, qu'elle reste encore un moment dans l'ignorance de la violence et ce, même si elle possédait un côté démon en elle. Frottant toujours son dos délicatement d'une main, je venais une nouvelle fois déposer un baiser sur le haut de son crâne.

Je vois, tu as donc eu une journée bien remplie... Tu sais, je pense que nous allons rester encore un peu ici. Pourrais-tu aller demander à la gentille dame si elle accepte que nous passions la nuit chez elle? Dis lui que je lui en serais infiniment reconnaissant.

Laissant Pandore descendre du canapé, je la suivis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champs de vision. Me retournant vers Imarine, je l'attirais lentement vers moi, mes doigts maintenant refermé autour de son poignet. Lui capturant les lèvres d'un délicieux baiser, je lui effleurais la joue du bout des doigts avant de plonger mon regard dans le sien.

Peut être que demain je serais assez remis pour que nous quittions cet endroit... Toujours est-il que d'ici que le soleil se couche, je n'aurais toujours pas retrouvé la force de me lever. Que penses-tu de mon idée de dormir ici ce soir?

Imarine les observait. Foa était un si bon père, toujours si avenant. Bien sur, elle pouvait voir dans son visage que certaines choses le tracassaient, mais il n'en laissait rien paraître devant leur fille. Celle-ci, contente d'avoir retrouver son père, lui souriait à pleine dent, encore plus heureuse quand son père lui annonça qu'ils resteraient encore ici un peu. Prenant soin de ne pas faire mal à son père, elle descendit du sofa, non sans l'avoir couvert une fois de plus de baiser, puis fila retrouver la vieille dame. On pouvait entendre cette dernière dans la cuisine juste à côté, surement à préparer le thé.

La démone se laissa tirer vers son compagnon, lui rendant son baiser tout en frissonnant au doux contact de ses doigts. Elle était heureuse de voir qu'il semblait aller mieux.

C'est une excellente idée et de toute façon, je ne t'aurais jamais laissé partir d'ici dans cet état. De plus, Pandore semble être bien contente de prolonger son séjour ici.

Parlant de sa fille, celle-ci revenait, grand sourire aux lèvres, suivit de la vieille dame qui apportait un plateau avec des tasses de thé.

Pandore m'a dit que vous désiriez rester ici pour la nuit. Mais bien sur mon garçon! Vous pouvez rester ici aussi longtemps qu'il vous plaira. Cependant, je n'ai pas d'endroit pour dormir, si ce n'est que ce divan et le petit lit de ma chambre...

Ce n'est rien, je peux très bien dormir sur le sol, un oreiller me suffira. Pandore pourra toujours dormir sur le petit sofa ou encore avec son père.

Cette idée réjouissait visiblement Pandore, ce qui suffit à convaincre la vieille dame. Imarine prit une tasse, jetant un regard vers Foa pour savoir si celui-ci en désirait. Il était vrai que cela n'avait jamais été leur boisson préféré, mais après tout, ce n'était pas mauvais.

Buvez votre thé, pendant que je vais chercher des oreillers et des couvertures.

Imarine lui sourit pour la remercier. Cette dame était d'une générosité incroyable. Peu lui importait de dormir sur le plancher, avant de s'établir avec Foa, elle avait dormi dans les endroits les plus inusités, autant sur les sols que dans les arbres.

Je souriais en entendant Imarine. Quelque part, au fond de moi, je m'étais douté d'une telle réponse. J'acquiesçais et tournais alors la tête vers notre fille qui faisait son retour dans la pièce. J'allais répondre à la vieille dame, lui répondre que le canapé suffirait amplement lorsque ma démone prit la parole, me devançant. Finalement, il fut décidé que nous pourrions rester pour la nuit. Me retournant vers ma déesse, j'inclinais légèrement la tête pour lui faire comprendre que oui, j'accepterais volontiers une tasse de thé. En effet, mon estomac était vide et peut être cela suffirait-il à le calmer pour un temps.

Je vous remercie encore pour votre générosité.

Je souriais à la vieille dame et la suivis du regard avant de me retourner vers Pandore.

Alors, qu'est ce que tu préfères? Tu viendras bien dormir avec papa...?

Mes doigts toujours entrelacés avec ceux d'Imarine, je lui lançais un regard tendre.

Comprenant que son compagnon acceptait la proposition, Imarine lui prit une tasse de thé et la lui tendit doucement, l'aidant même à prendre une gorgée du liquide encore chaud, mais heureusement pas brulant. Lorsqu'il en eut assez, elle déposa la tasse sur son plateau et sourit

Merci pour tout, je ne vois pas comment l'on aurait pu s'en sortir sans vous.

Voyons, cela me fait plaisir. Ce n'est pas tous les jours qu'une vieille dame comme moi a la chance d'aider une jeune famille.

La suivant elle aussi de regard, Imarine revint vers les deux amours de sa vie. À la question de son père, Pandore ne put qu'avoir un grand sourire.

Ohhh oui!

Elle qui aimait tant venir s'infiltrer dans leur lit ne manquerait certes pas une occasion de dormir contre son père. Alors que la vieille dame leur apportait les couvertures et les oreillers, celle-ci leur annonça qu'elle allait dormir, ses vieux os ayant besoin de se reposer. Remerciant Imarine pour le ménage et leur rappelant que s'il y avait quoi que ce soit, elle dormait dans la chambre, elle quitta la pièce, grand sourire aux lèvres. Imarine souriait elle aussi, serrant la main de Foa. Ses yeux trahissaient son bonheur de l'avoir retrouvé. Pandore elle, agrippa ses couvertures et, du mieux qu'elle put, se hissa sur le divan avec son père tout en les apportant avec elle. La petite fille était profondément heureuse et cela malgré la journée qui avait tourné en vrai fiasco. Le plus important, c'était le bonheur de leur fille.

Pandore se plaça contre son père, essayant du mieux qu'elle pouvait d'étaler la couverture pour les couvrir tous les deux, mais sans succès. Imarine vint à son secours, les regardant tout deux ainsi couché. Une main dans celle de Foa, l'autre vint caresser la tête de Pandore qui lui souriait tendrement.

Attrapant la tasse encore fumante, j'en bus quelques gorgées, avec, forte heureusement, l'aide d'Imarine. Lui faisant signe que s'était suffisant, je bougeais pour m'installer le plus confortablement possible et aussi pour pouvoir faire une place à notre fille qui venait d'accepter ma proposition. Souhaitant une bonne nuit à notre bienfaitrice et ne manquant pas de la remercier, je me retournais, prêt à aider Pandore à grimper sur le divan avec ses couvertures. Ma déesse me prit de court et s'en chargea. Lui offrant un tendre sourire, je soupirais et refermais un bras autour de notre fille. Je déposais alors un baiser sur son front.

Il est temps de dormir... Demain sera une longue journée.

Cajolant Pandore jusqu'à ce qu'elle s'endorme, je reportais ensuite mon attention sur ma démone. Venant effleurer sa joue du bout des doigts, je poussais un discret soupir. Je ramenais alors sa main vers ma joue et me frottais contre celle-ci.

Je suis heureux que vous alliez bien toi et Pandore...

L'attirant doucement vers moi, je lui prenais les lèvres en un doux baiser.

J'ai eu si peur pour vous...

Ce fut un soulagement de voir sa petite Pandore s'endormir avec un grand sourire aux lèvres. Lorsque ses petits doigts se détendirent, elle sut qu'elle était bel et bien endormi. Relevant la tête vers Foa, celui-ci vint délicatement effleurer sa joue. À son tour, guidée par Foa, sa main s'approcha de sa joue, souriant en le voyant s'y frotter tendrement. Ses doigts caressaient sa peau douce, alors qu'elle s'approchait davantage pour poser ses lèvres sur les siennes en un long baiser.

Nous avons été chanceuses... Je n'ose pas imaginer ce qui serait arriver si nous n'avions pas réussi à nous cacher.

De nouveau elle l'embrassait avec toujours la même tendresse. Ses lèvres effleuraient les siennes qu'elle venait glisser son pouce sur sa lèvre inférieure. Ses yeux brillaient alors qu'elle vint appuyer son front contre le sien.

Moi aussi j'ai eu peur pour toi... Je n'aurais jamais dû les laisser te blesser ou t'attraper. J'aurais dû partir à ta recherche plus tôt. Si j'étais parti quelques minutes plus tard, tu serais peut-être mo...

Sa gorge se noua et elle ne parvint pas à dire les derniers mots. Son orgueil la fit retenir ses larmes qu'elle ravala difficilement.

En sentant le front d'Imarine contre le mien, je laissais échapper un soupir de bien-être. Gardant les yeux clos un instant, je plongeais finalement mon regard dans celui de ma démone. Alors que j'ouvrais à peine les paupières, je l'entendis prendre la parole. Et sa façon de parler, ses yeux brillant, et même le noeud qui se formait dans sa gorge... Tout cela réussit à me faire culpabiliser. Attrapant son menton entre mes doigts, je lui fis relever la tête. Je lui offrais alors un tendre baiser, un long et doux baiser dans lequel je mis tout mon amour pour elle, tout en lui caressant la joue du pouce. Rompant le contact entre nos lèvres, je lui murmurais, mon visage tout contre le sien:

Je t'en prie, ne culpabilise pas pour ça... Je ne suis mort et le principal, c'est que toi et Pandore soyez en pleine forme. Tu verras, dès demain, j'irais beaucoup mieux et peut-être même qu'on pourra penser à s'en aller d'ici.

Attirant un peu plus ma déesse vers moi, je passais un bras dans son dos et le lui caressais lentement.

Calme toi, je t'assure que tout va bien. On a plus rien à craindre maintenant.

Le baiser qu'il lui offrit la calma grandement. Longtemps, elle fit jouer amoureusement ses lèvres avec les siennes, rassurée qu'il soit là, à cet instant. Ses paroles se firent tout aussi douces et elle lui sourit alors qu'il la resserrait un peu plus contre lui, passant sa main dans son dos. Apaisée, elle frissonna allant même jusqu'à échapper de petits ronronnements de bonheur.

Tu as raison... Notre petite fille a été brave, tu sais? Je suis tellement fière d'elle. Et j'espère que demain ou bientôt, nous pourrons rentrer chez nous.

Avaient-ils été de mauvais parent en amenant leur fille dans la gueule de loup? Peut-être auraient-ils dû se douter que les choses se terminerait ainsi, mais peu importe. L'important comme le disait Foa étaient qu'ils n'avaient plus rien à craindre maintenant. Imarine tourna de nouveau la tête vers Foa pour l'embrasser, lui souriant amoureusement.

Si on veut espérer que tu sois rétablir demain, il faut que tu te reposes... Tu le mérites bien après la dure journée que tu viens de passer.

Je ne pu m'empêcher de sourire en entendant les ronronnements de bonheur que laissait échapper Imarine. A ces mots, j'acquiesçais lentement et jetais un coup d'oeil vers Pandore. Il était vrai que notre fille avait un côté démon en elle, mais elle était à peine âgé de quatre ans! Comment une enfant aussi jeune pouvait avoir supporté tout ces évènements sans broncher? J'en étais moi-même le plus étonné. Mais après tout, sans doute tenait-elle de sa mère... Tournant la tête, je rendis son baiser à ma démone puis souriait d'un air désabusé. A ce moment, en la voyant, je n'avais vraiment pas envie de dormir. L'embrassant une nouvelle fois, je poussais un léger soupir contre ses lèvres avant de lui murmurer:

Quand je serais guéris, je crois que je ne te lâcherais pas tant que tu ne m'auras pas rendu la nuit d'amour que nous venons de perdre...

Je lui offris un autre baiser, doux et lent, puis embrassais sa main que j'amenais jusqu'à mes lèvres.

Ma déesse, toi et notre fille, vous êtes bien plus précieuse à mes yeux que ma propre vie. Je t'aime Imarine.

M'installant un peu plus confortablement dans le sofa sans réveiller Pandore, je jetais un regard vers ma démone. Je susurrais, l'air un peu gêné:

Je sais que ce n'est pas vraiment le moment mais... Que dirais-tu d’agrandir encore une fois notre famille...?

Détournant les yeux, et me grattant la nuque, je fis un sourire désabusé.

Pas maintenant, bien sûr, mais euh... Plus tard...